Le grand récit des montagnes by Blandine Pluchet

Le grand récit des montagnes by Blandine Pluchet

Auteur:Blandine Pluchet [Blandine Pluchet]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion


La peinture que j’ai sous les yeux est précisément l’une des œuvres de Heinrich Berann (voir double page suivante). Intitulée World Ocean Floor Map – « carte du fond océanique mondial » –, elle a été peinte a tempera, en 1977. Elle raconte le monde aussi bien que la science. Fruit de la collaboration entre un artiste autrichien et une océanographe américaine, elle narre mieux que personne les mers et les montagnes. Les massifs, qu’ils soient immergés ou terrestres, y sont peints avec le même détail, la même maîtrise. Des dorsales et des cimes sont rassemblées sur l’image comme dans la théorie : l’expansion des océans est à l’origine des sommets. Deux mondes, deux écosystèmes que tout sépare et qui, cependant, par la tectonique des plaques, se découvrent étroitement liés. Car il y a une réalité qui nous dépasse : randonner dans les Alpes, c’est saluer la mémoire d’un océan disparu ; vivre dans les Andes, c’est honorer l’ouverture du Pacifique.

Si l’art rencontre ici les lois universelles dévoilées par la science, certaines aventures humaines et scientifiques impactent irréversiblement notre vision du monde. Celle de Marie Tharp et de Heinrich Berann est assurément l’une d’elles, une odyssée qui nous invite à regarder autrement les paysages et notre planète.

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La tectonique des plaques nous a ouvert les yeux sur le fonctionnement de notre planète. Les plaques ne sont néanmoins pas toutes de même nature. Certaines d’entre elles, océaniques, se recyclent en permanence. Constituées de basalte, elles sont les plus jeunes, mais aussi les plus denses. Lorsque des forces d’étirement les obligent à s’éloigner les unes des autres, elles divergent et créent des fissures béantes, les dorsales. La matière du manteau jaillit là des profondeurs et alimente continuellement leur formation. Telles des tapis roulants, ces plaques divergentes convergent à l’opposé vers les zones de subduction, les fosses océaniques, et plongent à nouveau dans le manteau.

D’autres plaques portent des continents. Ceux-ci sont moins denses mais plus épais que le plancher océanique : faits de granite, d’une épaisseur de plus de 100 kilomètres contre quelques-uns sous les océans, ils sont encastrés dans la plaque comme des icebergs, insubmersibles, et suivent le mouvement. Pour autant, il leur arrive aussi de se déformer, d’être déchirés par des rifts. Parfois, ils entrent encore en collision, car la subduction entre deux plaques continentales n’est pas possible. Alors les roches s’affrontent, se chevauchent, des plis apparaissent à la surface des continents et, majestueusement, des chaînes de montagnes s’élèvent.

Ailleurs dans le Système solaire, Mars semble aussi avoir autrefois tenté d’instaurer une tectonique, comme en témoigne l’immense rift de Valles Marineris, qui balafre la planète sur 6 000 kilomètres. Certains scientifiques pensent encore que les longues traces sombres qui sillonnent la surface d’Europe, une lune de Jupiter, pourraient être des dorsales de glace. Néanmoins, la tectonique des plaques à la manière de la Terre n’a pas encore été observée autre part.

Si la plupart des montagnes européennes se sont formées lors de la collision de plaques continentales, nous savons maintenant que les reliefs terrestres ont toutefois diverses origines.



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